Descriptif
GTao : Daniel Lazennec, quels sont les éléments qui vous ont déterminé dans votre envie de soutenir la FIPAM ?
Daniel Lazennec : D’une part, la préservation de l’enseignement des anciens, les Budo, que l’on a improprement appelé les arts martiaux. La signification japonaise, je le rappelle, n’est pas celle-ci, elle désigne le chemin pour attraper la lance et déposer les armes. En d’autres termes, c’est aussi le chemin pour débusquer l’ego par l’entraînement et l’éducation et le déposer à terre, qu’il devienne serviteur de la conscience et du cœur plutôt que tyran des êtres. Autrement dit, les Budo nous engagent vers un monde pacifiant. C’est cette dimension, à la fois éducative et humaniste, qui m’intéresse depuis plus de 40 ans. D’autre part, l’idée de collecter des informations pour les générations futures m’a beaucoup intéressé. Car je m’aperçois aujourd’hui que la recherche de sagesse, très présente dans les années 70, a souvent laissé place à la domination et au monde égotique. La transmission constitue donc un élément essentiel de ma démarche. Enfin, l’aide que veut apporter la Fondation aux anciens est primordiale. J’ai donc proposé à Thierry Plée d’organiser ce symposium pour favoriser l’échange, l’éducation et pour faire évoluer les consciences.
GTao : Puisque c’est le sujet du dossier dans ce numéro, qu’entendez-vous par « conscience » ?
D. L. : Il existe plusieurs consciences. La première se manifeste dans nos paroles et dans nos actes : n’avez-vous pas déjà prononcé des paroles qu’au fond de vous-même vous n’auriez pas eu envie de dire ou agi d’une façon que vous regrettez ? La perception d’avoir agi en dehors de votre conscience. Ainsi vous n’étiez peut-être pas d’accord avec deux personnes, deux dynamiques en vous-même, et pourtant c’était vous-même… La deuxième, c’est être conscient de nos attitudes au quotidien. La troisième, c’est la conscience spécifique à chacun de nos cinq sens. Auxquels on peut ajouter un sixième sens : la bioconscience. Elle est constituée de toutes les lois de base de l’être humain, comme la conscience de la loi de la gravité, de la maîtrise de la respiration qui agit sur nos comportements, de notre schéma corporel et de nos sensations internes, de l’impermanence et de l’interdépendance tout comme la lucidité sur la transformation incessante des phénomènes. Cette bioconscience régule les hémisphères du cerveau. C’est une dimension cachée chez l’être humain qui ne demande qu’à grandir et que les transmetteurs des Budo pourraient éveiller chez leurs élèves. ...