Descriptif
Dans ma vie, il y eut plusieurs bifurcations. Deux ont été importantes car elles m'ont ouverte sur des paysages, des rencontres et des engagements nouveaux.
L’engagement pour les autres
La première, j'avais 22 ans, j'étais jardinière d'enfants dans un village. Tout était bien cadré dans ma vie, j'aimais beaucoup ce que je faisais et j'avais un fiancé. Pourtant, je me sentais à l'étroit, j'avais envie de découvrir le monde. J'ai choisi d’aller rejoindre une association qui travaillait dans un bidonville de la région parisienne. La pauvreté et l'exclusion sociale des familles me touchaient beaucoup. Je désirais faire quelque chose d'utile pour le monde. Je me suis lancée car c'est ce que je sentais juste pour moi. Je suis partie quelques jours après la fin de l'année scolaire sans fixer de temps ni décider d'un retour. Je me sentais très libre.
Ce fut un premier grand virage… qui a déterminé de longues années de ma vie. Je suis restée 30 ans dans cette association qui est devenue le Mouvement international ATD Quart Monde. Mon cœur était touché, j'avais l'impression que j’étais à ma place, que je pouvais donner de moi, soutenir, m'exprimer. Factrice dans le bidonville puis animatrice pour des enfants déscolarisés, j'ai commencé à emmener en vacances des familles submergées par la misère. Les résultats étaient magiques. Cela m’a mené à la création d’une maison d’accueil familial en Suisse avec un partenaire qui est devenu mon mari. Ce furent 14 ans d’aventure et de vie en commun avec des familles et des volontaires, la naissance de nos trois enfants, l’écriture d’un livre sur l’exclusion sociale en Suisse, des voyages pour soutenir des équipes dans d’autres pays, puis un travail de représentation auprès de la Commission des droits de l’Homme de l’ONU avec des objectifs qui ont été atteints.
L’engagement pour soi-même
Pour moi, l’autre grand virage s’est présenté lorsque j’ai été gravement malade : je ne pouvais plus fonctionner. J’ai compris — lors d’un épisode de sortie de corps dans la salle de réanimation d’un hôpital — que j’étais libre de quitter cette vie ou de rester mais que si je voulais rester, il fallait que je change. J’ai quitté mon travail, le cercle de mes relations sociales et finalement ma famille, pour me plonger dans un travail de guérison, de connaissance de soi et de développement personnel : cette fois, le tournant était pour moi une nécessité ...