Jacques Benveniste

GTao : Bonjour Jacques Benveniste, quelle est votre situation aujourd’hui depuis la fameuse histoire de la “mémoire de l’eau” ?
Jacques Benveniste : Tout d’abord, j’aimerais souligner que le fait que votre magazine, Génération Tao, traite des philosophies
orient les révèle la situation paradoxale dans laquelle je vis depuis 1988 et la polémique sur la “mémoire de l’eau”. Je suis en effet imperméable à tout ésotérisme philosophique, je ne peux pas être anarchiste car je suis un fils de bourgeois, mais plutôt un hédoniste matérialiste pur et dur. En dehors de l’homme, je ne crois en rien. Vous voyez, c’est cela le paradoxe de la situation de notre entretien, sur le plan sociétal et politique, je n’ai aucune admiration pour les philosophies extrême-orientales aucune ! Je suis allé en Chine deux fois et en Inde : je ne crois pas que la civilisation occidentale ait beaucoup à apprendre sur le plan de l’organisation de la société. Je ne vois pas où la Chine est supérieure à notre société aussi bien sur le
plan des Droits de l’homme ou de la santé de l’individu. C’est d’ailleurs là-bas où j’ai vu les individus les plus maltraités. Sur le plan personnel, c’est autre chose, chacun trouve son miel là où il le veut.

GTao : Pour dissiper tout malentendu, nous aimerions juste préciser que Gtao ne fait pas l’apologie des sociétés et régimes politiques d’Asie, mais s’inspire des philosophies et pratiques corporelles, issues de ces cultures, pour en extraire une sagesse de vie adaptée à la vie contemporaine, moderne et métissée. On peut ainsi adorer la pensée de Jean-Jacques Rousseau, ou de Jean-Paul Sartre, sans faire l’éloge de la société française d’aujourd’hui, comme pratiquer le Taï Ji Quan sans adhérer au régime politique chinois.
J. B. : Je ne parlais pas de politique et je dis : toutes ces pratiques ont une connotation philosophique, donc politique et sociale. Passons… A partir du moment où j’ai fait cette découverte sur l’eau, je me suis retrouvé malgré moi inclus dans un grand mouvement : tout le monde a cru que j’étais quelqu’un de marginal et beaucoup de pratiques alternatives se sont référées à mes travaux. En Amérique latine, où j’ai fait une dizaine de conférences, j’ai passé mon temps à critiquer les homéopathes qui ne font pas de recherches. Je suis donc devenu très impopulaire chez les homéopathes qui ont pourtant vu ...