Il était prévu à cet emplacement une interview avec le peintre Zao Wou-Ki, mais c’est plutôt l’histoire d’une belle rencontre que je vais essayer de vous conter ici, car parfois les personnes sont plus importantes que ce qui se dit, et la rencontre un événement dans sa totalité, sans avoir rien à rajouter. Pourquoi lui ? Parce que s’il y a un peintre qui nous semble être proche du Tao, c’est bien lui, et que ses peintures peuvent être un appui à la méditation, une invitation au voyage. Nous n’imaginions pas à quel point... Son accueil, simple et généreux, son sourire, sa disponibilité à ne pas répondre à nos questions… Oui, vous avez bien lu, Zao Wou-Ki ne répond pas aux questions : il converse, il dévie et au mieux vous renvoie la balle, sinon, il vous renvoie à vous-même.
Telles les histoires de grands maîtres taoïstes, il nargue l’intelligence qui lui semble apparemment inutile. Les « trop compliqué » succèdent aux « je ne sais pas », nous laissant face au vide, sans prise, au grand Rien. Au tout. Nous étions pourtant prévenues par son secrétaire : « Il vous répondra selon son humeur ».
Et bien, il était plutôt d’humeur ludique, et vagabonde…
GTao : Vous avez dit : « Je ne suis pas, je deviens ”.
Zao Wou-Ki : Non ? Je ne m’en souviens pas…
GTao : Et pour parler de votre peinture, vous diriez aussi qu’elle n’est pas et qu’elle devient, qu’elle est liée au mouvement ?
Z.W-K. : Je ne sais pas. Moi, je ne bouge pas ! (rires)
GTao : Quand vous peignez,
ne bougez-vous pas ?
Z.W-K. : Quand on travaille,
on ne sait pas !
GTao : Vous ne savez pas ce qui
va se faire ?
Z.W-K. : Trop compliqué… (rires)
GTao : Alors vous laissez faire ?
Z.W-K. : Oui. Il faut laisser faire. Souvent, je ne sais pas ce qui va se faire.
GTao : Vous ne partez pas d’une idée ?
Z.W-K. : Je ne suis pas assez intelligent. Je ne suis pas un intellectuel et ma peinture non plus.
GTao : Quel mot utiliseriez-vous pour parler de votre peinture ?
Z.W-K. : Je peins, c’est tout ! Et il n’y a rien à comprendre. Parfois je peins bien, parfois mal.
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