Descriptif
Peut-être avez-vous vu cette célèbre image d’enfants africains recouverts de peinture bleue ? Ils ont entre douze et quinze ans et s’apprêtent à devenir des hommes. La peinture bleue qui les recouvre les rend invisibles au monde des vivants. Elle signifie qu’ils sont retournés au monde des esprits où ils incubent avant de renaître à nouveau.
Naître deux fois
Dans le monde tribal, on considère que tous les enfants demandent à naître deux fois : la première fois, du ventre de leur mère, et la seconde, de façon symbolique ; ils meurent à leur enfance et renaissent dans la peau d'un adulte responsable. La seconde naissance leur donne aussi accès à ce que nous pourrions appeler la dimension mystérieuse de la vie. L’initiation suppose que votre naissance physique ne vous a amené dans le monde que partiellement. Vous n’êtes pas encore tout à fait ici. Ainsi vous pouvez vivre une vie inconsciente et végétative toute votre vie sans être jamais en contact avec la dimension invisible de l’existence. Toutes les initiations sont ainsi reliées au souvenir de qui nous sommes. Chez les Dagaras d’Afrique par exemple, on considère que lorsque l’enfant naît, une âme vient s’installer dans le corps. Les quinze premières années, l’âme apprendra à voir à travers ce vêtement de chair. Une fois ces premiers apprentissages accomplis, le temps de l’initiation sera venu. L’adolescent aura à faire le voyage inverse et à se souvenir qu’il est une âme qui regarde à travers le corps. Il devra rompre momentanément avec son identité corporelle, se séparer de sa communauté et retraverser le miroir.
Quand devient-on adulte ?
L’éducation de masse s'attache essentiellement à faire des enfants de meilleurs travailleurs et néglige complètement ces questions beaucoup plus radicales qui se réfèrent au sens de la vie, à la reconnaissance qu’il existe une ouverture, une sorte d’éveil au mystère et à la beauté qui doit prendre place dans chaque humain. L’âme des « ados » s’acharne alors : « Je veux plus ! ». On lui répond : « Achète ! », « Sois compétent ! ». Quand une culture ou une personne a perdu sa capacité à comprendre le langage symbolique de l’âme, le besoin exprimé par celle-ci est finalement pris au pied de la lettre : mon cœur a faim, je me goinfre ! Mon âme a soif, je me saoule ! Mon être veut plus, je consomme. Cette littéralisation est d’après ...