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Aujourd’hui, j’ai envie d’offrir un battement d’âme et de coeur à l’attention de Génération Tao dont chaque numéro donne la possibilité à de nombreux rédacteurs, parfois novices, de se révéler et de se partager ; cet espace offert permettant à chacun d’affirmer son être, ses questionnements, ses cheminements dans une rencontre avec soi-même, avec les autres, en partage de coeur, d’esprit, d’élans vitaux… Espace rare, privilégié, précieux. En oeuvrant pour ce dossier, j’ai pu continuer à affirmer la voie que j’ai choisie. Dans la réalisation que Vie et Voie sont intimement mêlées dans un seul battement de coeur. Et si, finalement, « Vivre sa Voie » ce n’était tout simplement Vivre? De la résilience à l’accomplissement. La thématique de ce dossier est née du cheminement de toute une vie, celle de Marie Delaneau*. Après maintes traversées, une phrase digne d’un Koan Zen s’est un jour révélée à elle : « mourir au mourant pour naître au naissant ». L’impact de cette phrase créa une onde
de choc pour ouvrir le chemin de la floraison… D'où l'idée d’entendre chez d’autres la résonance
de cette thématique: « Vivre sa voie ». Vivre sa voie, le rêve nous direz-vous ! Mais ce n’est pas si simple, pas si facile… A priori, nombre d’entre nous souhaitent sincèrement « vivre leur voie ». Mais qu’est-ce que cela implique? Car « Vivre sa voie » n’est pas « vivre ses désirs »! Il existe une différence entre répondre à ses désirs et répondre à l’aspiration d’un rêve, d’une vision qui se transformera en oeuvre, en voie… Nos désirs, aussi « parfumés » ou « puants » soient-ils, sont toujours issus de notre construction caractérielle, du scénario ou du contre-scénario de notre histoire, la résilience dans le meilleur des cas de nos traumas. Ces désirs-là peuvent nous amener à nous dépasser, mais rarement à nous transcender. L’aspiration, quant à elle, exige de nous un tel engagement qu’elle entraîne dans son sillon son lot de renoncements à certains de nos désirs égotiques et donc à une mutation profonde et irréversible de nous-même! Pour moi, Pol, devenir Champion du Monde de Kung-Fu Wushu en 1983 a pansé une ancienne blessure en me valorisant et en m’apportant la reconnaissance. Pour moi, Imanou, la scène théâtrale
a répondu à une urgence, une véritable extraction vitale de ma parole tant j’étais murée dans le silence. Nous avons compris que nous étions entrés dans une dynamique de « guérison » de notre psyché en accomplissant nos désirs et en vivant une véritable résilience. Mais pour réussir notre « guérison », nous étions restés dépendants de l’approbation ou non du corps social. Or, quand nous répondons à l’appel de l’âme, à une vision, nos désirs sont dissous (voies bouddhistes) ou unis au cheminement (voies dites chamaniques ou alchimiques) pour accomplir l’aspiration qui nous dépasse, nous transcende et dans laquelle nous nous révélons au-delà de nos désirs. C’est la floraison de notre âme, sans aucune retenue, telle que la décrit Noguchi dans la notion de « vie intégrale » (voir p. 26). Pour nous, la « vie intégrale » est une sorte de « mémoire en devenir » qui ne
demande qu’à se déployer, comme si nous nous étions notre propre chrysalide et que nous portions
en nous la promesse du papillon… Attention! Pour cela, il nous faudra déjouer un fort désir sacrificiel, très présent chez les peuples judéo-chrétiens-islamiques qui s’engagent dans des missions humanitaires, religieuses ou écologiques. Or, cet engagement trouve souvent sa source dans la trame d’une empreinte sacrificielle chargée de la culpabilité et la peur de vivre. Vivre sa voie répond plutôt à une vision qui nous « aspire » et nous « inspire » pour incarner un rôle qui même s’il n’est pas toujours de premier plan, participe toujours à une « oeuvre », à une « Voie » transcendant sa propre personnalité et
individualité.Avez-vous remarqué que lors de nos pratiques: Qi Gong, méditation, Taiji, Yoga… nous touchons un état d’être, une vibration, qui souvent s’échappent à la sortie du cours et au contact du tissu social? Alors comment imprégner nos vies de cette qualité vibratoire, que ce temps ne soit plus à part, une parenthèse? Que ce temps ne soit plus seulement un espace de ressourcement ponctuel qui me permet d’aller affronter mon quotidien. Qu’il n’y ait plus cette dichotomie mais un état d’être permanent. Comment ne pas retenir mon parfum, taire ma musique, retenir mon souffle mais laisser mon essence affleurer et mes aspirations me transcender ? Comment vivre ma voie ? En cette rentrée, posons-nous la question du rêve que nous portons et que nous nous devons d’incarner pour répondre à l’appel de nos âmes. Alors, voyagez au fil des témoignages de nos invités-écrivains qui nous/vous font l’inestimable cadeau de témoigner de leur chemin de vie avec coeur et authenticité. Laissez-vous toucher