Avec l’anti-gymnastique, Thérèse Bertherat est une pionnière en France des techniques psycho-corporelles. Depuis 1999, sa fille Marie est devenue praticienne. Elles nous partagent leur vision de la transmission.
GTao : Thèrese et Marie Bertherat, comment la transmission entre mère et fille s’est-elle passée ? Marie Bertherat : Par capillarité…
Thérèse Bertherat : Par osmose… Je pratiquais à la maison. A force de me voir disparaître dans une salle mystérieuse de 8 heures du matin à 11 heures du soir, Marie s’est sans doute imprégnée… Mais j’étais persuadée qu’elle détestait l’anti-gymnastique.
GTao : Pour quelle raison ? T. B. : Parce que je n’étais pas disponible pour elle.
M. B. : Enfant, je jouais avec mon frère avec le matériel qu’utilisait ma mère pour sa pratique : les balles, les baguettes… Mais sans plus. Je crois avoir surtout profité sans le savoir de ce qu’elle faisait. Je ne suis d’ailleurs venue à l’anti-gymnastique qu’il y a quelques années. J’ai auparavant été journaliste pendant dix ans. Je pensais que cette pratique ne s’adressait pas à moi et que je n’en n’avais pas besoin. J’ai commencé à m’y intéresser à l’âge de 29 ans quand j’ai été enceinte pour la première fois. J’ai participé à un stage que donnait ma mère. Elle m’a aussi accompagnée pour la préparation à l’accouchement de mon deuxième enfant que nous avions choisi avec mon mari d’avoir à domicile.
GTao : Quand avez-vous souhaité enseigner l’anti-gymnastique ? M. B. : Cinq années se sont écoulées entre le moment où je m’y suis intéressée, en 1993, et où j’ai commencé à l’enseigner, en 1999.
GTao : Thérèse, comment l’avez-vous accueilli ? T. B. : Cette demande m’a beaucoup étonnée. Parce que Marie réussissait bien dans sa vie professionnelle. Elle écrivait des romans pour la jeunesse à succès. Mais elle m’a dit : « Tu ne m’en crois pas capable ? ». C’est l’argument qui m’a fait « craquer ».
GTao : L’environnement dans lequel vous avez baigné quand vous étiez enfant a-t-il été un atout pour vous former ? M. B. : Oui, sans nul doute. L’anti-gymnastique est une démarche très déroutante. Mais tout s’est révélé pour moi de manière assez naturelle.
T. B. : Elle pose les questions justes. Et je ne parviens tellement pas à la surprendre que j’ai renoncé.
GTao : Comment définiriez-vous chacune l’anti-gymnastique ? T. B. : C’est une philosophie, un état d’esprit plutôt qu’une technique. Même s’il faut savoir maîtriser la dimension anatomique et physiologique. C’est avant tout une façon d’envisager la ...