Descriptif
Tomber en amour de la Conscience ? Accéder à l’antre de soi-même ? Non, ce n’est pas une chose si facile à décider, car il m’aura fallu garder, nichée aux tréfonds de mon être, la confiance du paradoxe : la Force du Rien, comme une alliée. Oui, à la fois la force de me lancer au-dessus du vide et celle de ne rien tenter, quoi qu’il advienne. Quoi qu’il eut semblé m’en coûter, ne pas stopper la chute vertigineuse qui pouvait s’ensuivre, mais seulement me laisser tomber et plonger nulle part. Nulle part ailleurs que dans les profondeurs de ma grotte intime, de ma caverne, là où le temps et l’espace sont abolis et où toutes les femmes de ma génèse, mais aussi les femmes ancestrales, celles qui nous relient et nous lient toutes entre nous depuis la nuit des temps jusqu’à aujourd’hui, ont laissé leurs empreintes, tels les vestiges gravés dans la chair des parois de l’antre…(1) Comme si nous partagions une seule et même source de données, un immense utérus universel dans lequel la mémoire collective des femmes et de toutes les femelles qui peuplent la terre se mêlaient, jusqu’à parfois s’entrechoquer. Quand j’entre dans cette écoute intime caverneuse, dans cette résonance assourdissante, je n’ai qu’une envie : être emplie, submergée, d’une grande lucidité, ouvrir grand les yeux et les oreilles dans cette obscurité grouillante et bouillonnante. Pour tout voir et tout entendre. Ecoutez mes sœurs ce que j’y ai vu et entendu…
Oui, nous pouvons être fières !
Je me sens fière d’appartenir à notre espèce lorsque nous enracinons à pleine vie dans les parois tendres de notre nid d’universalité la force qu’il nous a fallu pour quérir les prémisses de la liberté. Oui, je dis « prémisses », car vous le savez bien, cela n’est pas fini, il nous faut encore et encore « conquérir » des espaces tronqués ou manquants, ancrés dans la psyché collective, dans notre système sociétal et dans l’esprit encore de certains hommes, pour que l’égalité s’impose dans ce qu’elle a de plus noble et d’inéluctable. Il nous faut encore résister, affirmer et avancer, continuer à nous déployer comme si nous étions des êtres déshydratés se gorgeant d’eau, tant notre soif légitime de liberté et d’égalité demeure si insatiable qu’elle ne peut être étanchée. Ce processus continuera autant qu’il sera nécessaire. Car même si nous paraissons mieux loties, nos sœurs, toutes ces femmes de par ...