Descriptif
Gtao : Mme Bertherat, pouvez-vous nous parler de votre travail, l’anti-gymnastique ?
Thérèse Bertherat : C’est une technique psycho-corporelle qui est née il y a environ trente ans. A l’origine, c’était une méthode de soin destinée à soigner les scolioses, les arthroses, et toutes sortent de graves malformations et pathologies reconnues par le corps médical. Et puis j’ai eu la chance d’avoir accès à des connaissances en matière de corps et de psychologie qui m’ont permis de créer un travail très concret, impliquant l’être dans son entier. Je me suis alors dit : «Pourquoi ne pas mettre toutes ces connaissances au service du plus grand nombre, ou au moins à tous ceux qui désirent savoir ?». On devrait même apprendre aux enfants dans les écoles comment ils sont faits… Car nous ne sommes pas faits comme nous le croyons ! Et tous les jours, dans l’ignorance, nous nous plaçons dans des postures qui ne respectent pas les lois du corps, en pensant souvent faire un exercice de santé. Prenons la position du lotus par exemple. Nous croyons qu’elle va nous faire du bien, nous assouplir… Mais c’est stupide ! Et nous sommes pleins d’illusions comme celles-là. Ce sont pourtant des idées qui ne correspondent pas à la réalité. Cela dit, une posture de méditation n’est pas forcément une posture de santé. C’est sûrement vrai, mais j’ai vu beaucoup de professeurs de yoga venir me voir en me disant que le yoga avait transformé leur vie, et me demander juste après de leur enlever leur sciatique !
Gtao : Ces «illusions» naissent-elles pour vous d’un manque de conscience du corps ?
T. B. : Je crois que ce sont des idées que l’on répète et que l’on ne remet jamais en cause, il suffirait de regarder comment nous sommes faits pour tout remettre en question. Par exemple, si vous écartez les jambes de plus de 45° de l’axe central —c’est vite fait 45°! — vous créez une lordose, généralement dans le bas du dos, entre la dernière lombaire et le sacrum, là justement où l’on parle si souvent de sciatique. La lordose est un raccourcissement de la chaîne musculaire postérieure, qui part de la base du crâne jusqu’aux talons. Celle-ci, lorsqu’elle se raccourcit —et c’est sa particularité— crée des douleurs. Prenons un autre exemple, les hommes qui courent dans les parcs : au premier tour, les ...