Descriptif
Après de longues années à transmettre l’art dans son histoire et ses codes plastiques, j’ai eu la nécessité de transmettre ce que moi-même j’avais découvert dans mon cheminement. En recevant dans un musée de nombreux enfants de tout âge, de tous niveaux et milieux sociaux, j’ai observé peu à peu ce que j’avais osé regarder en moi-même : les enfants ne prenaient pas le temps d’un espace perceptif avec l’œuvre. Ils n’y étaient pas de toute façon invités et ils s’engouffraient rapidement, tout comme les adultes, dans des analyses, des techniques plastiques ou dans du descriptif. Bien que souvent ludiques, les séances que je proposais n’apportaient pas d’expérience corporelle, c’est-à-dire ne se reliaient pas à la globalité de l’être. Si l’œuvre d’art originale, par sa vibration ou l’énergie qu’elle renvoie, pouvait parfois déclencher cette expérience, je remarquais que cela n’était pas perçu de façon consciente. J’ai développé alors peu à peu les ateliers Mouv’arts afin de relier le corporel à l’expérience artistique. L’espace d’une nouvelle culture, celle du sensoriel, devint pour moi essentiel dans la transmission artistique.
Des sens au sens
Les arts visuels et les références culturelles liées à l’histoire des arts développent la sensibilité artistique, créative et expressive des élèves. Mais qu’est ce que la sensibilité ? Qui la cultive aujourd’hui et lui donne de l’espace ? Préparer le corps à ouvrir cet espace sensoriel élargit pourtant les connaissances par une meilleure appréhension ou plutôt absorption de l’œuvre. La rencontre avec l’œuvre d’art n’est pas seulement la rencontre avec une connaissance de l’esprit, elle est celle d’un ressenti physiologique duquel éclôt un sentiment. Prendre le temps de cet espace « contemplatif » est une expérience corporelle qui va ensuite inciter les élèves à mettre des mots sur leur ressenti, leur émotion, leur sentiment. L’analyse de l’œuvre découle de cette première approche et n’est pas vécue sur le mode passif, mais issue de leur propre expérience.
Une approche en trois temps :
1. Face à l’œuvre : contempler
Prendre le temps de se poser devant une œuvre concerne la première attention proposée aux enfants. La conscience de son corps dans l’espace est déterminante. La position d’assise en tailleur est accompagnée d’exercices ludiques afin d’aligner la colonne vertébrale dans sa propre justesse et de se sentir naturellement relaxé. L’intention est ensuite portée sur l’enracinement et l’assouplissement de la colonne vertébrale par une ondulation. Une libre ...