Descriptif
Génération Tao : Où et comment commence votre recherche ?
Sarah Sérievic : J’ai eu un parcours atypique. J’ai d’abord été actrice pour le théâtre, très tôt, à l’âge de 17 ans, au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, ce qui n’était pas rien ! C’est un concours important où sur 500 personnes, seuls 15 filles et 15 garçons sont retenus. Tout cela est arrivé trop tôt, trop vite : j’étais au conservatoire en province, et un des sociétaires de la Comédie Française était venu voir mon professeur pour lui dire qu’il me trouvait douée, et que, n’étant pas du tout au point techniquement, je devrais tenter le concours dans 3 ans. Quand je me suis présentée au concours, il y avait tous les grands comédiens de cette époque. Sûre que je ne serais alors pas reçue, je me suis dit que j’y allais et que j’allais au moins me donner du plaisir. Le plaisir ayant dépassé mon manque de technique, j’ai été reçue première… Mais tout cela est arrivé trop tôt, sur une structure d’identité pas encore construite. J’ai joué pendant quinze ans, jusqu’à ce que je ne sache plus si, quand il fallait pleurer, c’était moi ou Antigone qui pleurait. Pourquoi avais-je ce besoin de la lumière des projecteurs pour exister ? C’est à ce moment que j’ai entrepris un travail sur moi, un travail qui me paraissait urgent !
Gtao : Et devenir thérapeute ?
S. S. : Finalement, dans le théâtre ou dans la psychologie, c’est l’Humain qui m’intéresse. Et je me suis découvert un goût de la psychologie sociale et de la dynamique de groupe, notamment grâce à un travail avec Anne Ancelin Shutzenberg*. Formée pendant cinq ans, je suis diplômée de l'Ecole Française de Psychodrame.
GTao : Vous avez commencé à travailler avec des enfants…
S. S. : Oui, cela me paraissait logique. Nous sommes tous malades de notre enfance : soit parce que nous avons été heureux, élevés dans une illusion, nous avons alors du mal à sortir du cocon douillet et nous gardons une nostalgie de cette époque, soit parce que nous y avons été malheureux. Du coup je me dis de manière très naïve : je vais soigner le monde, et je commence par les enfants ! Les enfants que je rencontre alors ont une dizaine d’années, mais ils sont déjà en rôle, car les adultes leur demandent ...