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L’Esprit en marche

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Résistant des temps modernes, à contre-courant du flot envahissant des voitures, le marcheur s’ouvre au monde en déroulant ses pas. Goûter à la jubilation d’exister, à l’enchantement des lieux, c’est remonter à la source du sacré.

Par David Le Breton



Extrait de la revue : Génération Tao n°21
Nb de pages : 2

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Descriptif

Dans nombre de pays du monde, les hommes continuent à marcher. Il y a seulement quelques décennies, les gens marchaient pour se déplacer ou utilisaient le vélo. Quand j’étais enfant, l’école était loin, mais nous y allions à pied. Nos sociétés connaissent en ce sens un formidable renversement anthropologique en neutralisant largement le corps comme mode de déplacement et de jouissance du monde au profit de la voiture. Malgré les encombrements urbains, les tragédies innombrables qu’elle provoque, le fait aussi qu’elle rend la ville inhospitalière, la voiture s’impose avec une formidable brutalité. La condition humaine devient une condition assise ou immobile, relayée pour le reste par nombre de prothèses. Le corps est devenu superflu pour nombre de nos contemporains qui se sentent d’ailleurs à juste titre mal dans leur peau. L’humanité est corporelle et ne pas jouir de son corps dans sa vie quotidienne revient à perdre la chair du monde. Des gens prennent leur voiture pour faire quelques centaines de mètres. La marche devient pour beaucoup une forme d’anachronisme dans ce monde de la vitesse, du rendement, etc. Le marcheur est un résistant, il ne laisse pas le temps le prendre, il prend son temps, il renoue avec la flânerie, la disponibilité aux autres et au monde.
Marcher, c’est vivre !
Marcher, si le geste est délibéré, choisi, c’est sortir du cercle des conditionnements ordinaires et s’ouvrir au monde. Laisser derrière soi le marais des soucis pour retrouver un second souffle, mettre à distance les soucis personnels. Marcher, c’est renouer d’abord avec la jubilation
sensorielle d’exister, retrouver ce qui fait la saveur du monde. La marche est souvent un détour nécessaire pour se rassembler soi, retrouver le goût de vivre, la saveur du monde. On connaît à ce propos le formidable succès des chemins de Compostelle, bien loin pourtant des références directement religieuses. La marche réenchante le monde, elle est une source de sacré. C’est une méthode tranquille d’émerveillement de la durée et de l’espace. Elle implique un état d’esprit, une humilité heureuse devant le fait de vivre. En découvrant le monde à pas et à hauteur d’homme, le marcheur se met en posture de se découvrir soi, de retrouver un essentiel qui n’appartient qu’à lui mais qui signe parfois une renaissance. La marche est aussi une manière de retrouver son centre de gravité après avoir été jeté à l’écart de soi par les événements de la vie. Le marcheur retrouve la sensation ...

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