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Idées au gramme

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Les fonctionnaires "organiques"

A chaque numéro de Génération Tao, Cyrille J.-D. Javary vous convie à une passionnante exploration de la richesse unique de la pensée et de l’écriture chinoise.

Par Cyrille J. D. Javary



Extrait de la revue : Génération Tao n°45
Nb de pages : 1

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Descriptif

Bien des cultures ont cherché à se représenter l’organisation du corps humain d’une manière globale. La médecine grecque, avec la théorie des humeurs, l’incluait dans les quatre éléments de base, l’astrologie médiévale, couplant douze régions du corps chacune avec un signe zodiacal, le reliait à la configuration du ciel. Puis vint la Renaissance et l’investigation de l’intérieur du corps par le scalpel des chirurgiens. Le premier ouvrage d’anatomie expérimentale obtenue par dissection paraît au milieu du XVIe siècle. Et son auteur, André Vésale, le médecin de Charles-Quint, lui donne un nom significatif : La fabrique du corps humain (De corporis humani fabrica). Le corps n’est plus considéré comme un ensemble vivant, mais comme une usine, un agrégat de machines. C’est l’avènement de la parcellarisation mécaniste du corps, le triomphe de la notion d’organe, en droite ligne de son origine grecque organon : outil, instrument. Pour l’esprit chinois, le corps humain, comme tout ce qui est vivant, n’est ni production matérielle de la terre, ni projection cosmologique du ciel, mais rencontre perpétuelle entre structuration visible et animation subtile. Et comme tout système complexe, il fonctionne à la manière d’un pays, délimité de l’extérieur par la muraille de sa peau, en communication avec son milieu par ces portes que sont les organes sensoriels. Ceux-ci assurent dans le fonctionnement corporel le même rôle que les fonctionnaires dans l’empire : ce sont des agents de communication. Les uns comme les autres assurent la vitalité du système par une constante circulation d’informations convergeant de la périphérie vers le centre et permettant ainsi un continuel réajustement en fonction des changements habituels et des aléas occasionnels. C’est sur ce réseau qu’agissent les aiguilles d’acupuncture et les mouvements de Tai Ji et de Qi Gong et non directement sur les machineries organiques.Dans cette optique, la langue chinoise n’a pas hésité à donner le même nom, guan (1), aux organes des sens et à l’ensemble du corps des mandarins lettrés civils et militaires. Sa composition en assemblant un ancien caractère, qui (2), qui représentait un mur, avec l’idéogramme du toit (3) évoque ces administrateurs efficaces, agissant de manière peu perceptible extérieurement (sens du signe du toit) à l’intérieur des murs des bâtiments officiels. Et régulant l’ensemble par un flux constant d’informations, jadis rédigés dans des rapports glissés dans des enveloppes constituées par des tubes de bambou dont le nom, guan (4), combine simplement le mot fonctionnaire/organe avec le ...

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