« Connais le masculin,
Adhère au féminin,
Soit le Ravin du monde.
Quiconque est le Ravin du monde,
La vertu constante ne le quitte pas.
Il retourne à l’état d’enfance… »
Extrait du chapitre 28
du Dao De Jing de Laozi
Dans le Quan Zhen Dao, le Dao de la Réalité Intégrale, ces passages de Laozi sont bien connus et abondamment développés et commentés depuis des siècles par des auteurs comme Liu I Ming, Zhang Boduan, Zhang San Feng et bien d’autres encore.
Le masculin et l’esprit du monde
Dans cette tradition, le masculin est associé comme le blanc à l’esprit conscient qui est cet esprit du monde ; celui grâce auquel nous pouvons agir ici-bas en coordonnant, planifiant, conceptualisant nos actions pour réaliser
toutes sortes d’entreprises dans nos vies quotidiennes : c’est l’esprit du monde. Comme le soleil à midi, au solstice d’été, il brille si fort qu’il masque la beauté céleste. Cette sorte de prison lumineuse nous empêche de distinguer les étoiles, la Voie Lactée, la splendeur de la sphère céleste. De la même manière, lorsque cet esprit conscient est déployé par son activité pour que nous puissions œuvrer dans le monde, l’esprit du Dao ne peut être vu ; il demeure voilé derrière les mouvements de l’esprit conscient.
Le féminin et l’esprit du Dao
Le féminin comme le noir est associé à la nuit, c’est-à-dire cette absence de manifestation ostentatoire de lumière. Pourtant, grâce à cette obscurité, à minuit, au solstice d’hiver, nous pouvons contempler toutes les merveilles du ciel qui, alors, ne se trouvent plus voilées par cette « débauche » de lumière ; Voie Lactée, étoiles et astres apparaissent. De la même manière, lorsque notre esprit conscient s’efface, alors la lumière de l’esprit du Dao peut rayonner librement, baignant notre être dans sa Source Originelle. Voilà peut-être ce qu’il faut entendre dès le premier chapitre du Dao De Jing : « Xuan zhi you xuan… », soit « Dans l’obscur (ou le mystère), faire plus obscur encore… là se trouve la porte de toutes les merveilles. » Voilà sans doute pourquoi Laozi conseille de seulement « connaître » le masculin car nous ne pouvons nous soustraire à toutes nos obligations terrestres nécessitant l’usage de cet esprit conscient. Mais il nous invite à « adhérer », c’est-à-dire à sceller une alliance avec ce féminin où réside l’esprit du Dao ; c’est là que se situe l’essentiel de la Voie.
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