Descriptif
Il s’agit, en tout premier lieu, pour l’adepte taoïste, d’entrer dans la voie, ce qui ne pourra se faire que par une reconversion totale de tous les systèmes de valeurs sur lesquels on vivait jusque-là grâce à une perception directe d’un « quelque chose d’autre ». Dès cet instant commence le long cheminement d’une recherche basée sur un travail de dépouillement, de purification, ou, comme l’appelle Plotin, de « catharsis », vers la réalisation de l’œuvre la plus grandiose qui soit donnée à l’homme : lui-même. Mais il nous faut totalement exclure dans cette recherche toute idée d’effort et de progrès, au sens où nous l’entendons habituellement. La nécessité première est un changement d’état de conscience évoquant plus l’idée de « mutation », et ceci par une sorte de lâcher-prise à tout ce qui nous enserre, nous limite dans notre personnalité (du latin persona : masque), pour un abandon à ce qui se manifeste en nous de plus authentique, dans une non-intervention (wu-wei) de toute action dirigée par l’ego. Si, comme le dit le Yi-King, tout dans la nature est perpétuel mouvement, cela signifie que ce qui demeure identique ne peut que mourir.
Le moyen d’accès à des plans supérieurs
Dans le Tai-Chi, la pensée ne peut être dissociée du mouvement : il faut être entièrement là, corps et âme. Il ne peut s’effectuer dans une sorte de rêve, l’esprit ailleurs. Le Tai-Chi est une prise de conscience de chaque mouvement du corps dans un « ici et maintenant » total. Le passage constant d’une attitude à une autre sans aucune interruption impose au mental d’être présent en permanence au déroulement des mouvements.Dès que le mental s’échappe, il y a temps d’arrêt, coupure dans l’enchaînement, et en général, le déroulement de l’exercice est interrompu, d’où une lutte constante entre le mental et cette prise de conscience de chaque instant. C’est sans doute là la différence entre les mouvements du Tai-Chi et les postures du Yoga où le maintien prolongé du corps dans une attitude risque, si l’on n’y prête pas une attention constante, d’amener l’esprit à vagabonder dans les réminiscences d’un passé, ou dans les préoccupations d’un futur, qui empêchent l’accès à une véritable recherche.Il ne s’agit surtout pas de vouloir à tout prix chasser les images qui surviennent, mais simplement chaque fois qu’elles surgissent, constater l’échec dans la réalisation de l’exercice et ramener, sans heurt, son mental sur ce qui est en train ...