Descriptif
Gtao : A quel moment peut-on interroger le Yi Jing ?
Cyrille Javary : Lorsque l'on a une décision à prendre. Le Yi Jing est en effet fondamentalement un manuel d'aide à la prise de décision. Il donne des informations qui permettent de ne pas choisir au hasard. C'est-à-dire qu'il renseigne sur l'adéquation entre ce que l'on projette de faire, la manière dont l'énergie est organisée en nous à ce moment-là et le moment où l'on va agir.
Gtao : Et comment fonctionne-t-il ?
C. J. : Il faut d'abord poser une question au Yi Jing, et surtout la poser avec un verbe d'action dont on est le sujet. Pourquoi ? Parce que poser la question de cette manière rend la personne digne. On ne se trouve plus dans la position humiliante de quelqu'un qui demande la fin du film avant de jouer son rôle. Mais on devient la personne qui cherche la meilleure façon de jouer son rôle. C'est toute la différence entre : "Vais-je atteindre mon but ?" et : "Comment faire pour y arriver ?", l'évocation d'un problème et la recherche d'une solution : "Cela ne va pas dans mon couple" et : "Que dois-je faire pour améliorer mon couple ?". S'il n'y avait pas cet aspect-là dans le Yi Jing, ni Confucius, ni moi-même ne nous y serions intéressés. En tous cas, Confucius ne s'y serait pas intéressé parce qu'il n'était pas du genre à rendre visite à madame Irma. Mais si, comme le dit la légende, il a passé trois années de sa vie à étudier le Yi Jing, c'est parce qu'il y a trouvé ce qui l'intéressait le plus, c'est-à-dire : Comment s'améliorer ? Mais revenons à son fonctionnement, que se passe-t-il ? On a avec le Yi Jing un catalogue de soixante-quatre situations types, qui sont soixante-quatre organisations types de l'énergie en termes de yin-yang. Celles-ci sont saisies à la fois dans leur architecture et dans leur propension, c'est-à-dire, leur dynamique. La première chose consiste à repérer dans laquelle de ces situations types on se trouve. Pour cela, les Chinois utilisent, ou plutôt, apprivoisent, le hasard.
Gtao : Et de quel hasard parle-t-on ?
C. J. : C'est là où notre esprit occidental bute. C'est le hasard qui a fait jeter l'éponge à Descartes, puisqu'il explique qu'il y a deux domaines dans lesquels sa méthode est impuissante : c'est l'aléatoire et ...