Descriptif
Respirer, quoi de plus naturel ? Tout le monde connaît les mots qui concernent la respiration. En français, ils dérivent de deux racines latines : spirare & flare. De la dernière viennent tous les mots en « fl » et « flt », tels sou-ffler, en-fler, gon-fler, in-flation, dé-flation, et aussi flatulence, flûte, éventail, et même folie qui entretient un fort rapport avec le vent qui souffle trop fort. Ils ont en commun de décrire une dynamique dirigée de l’intérieur vers l’extérieur. Cette convergence va amener l’autre racine à reprendre à son compte la dialectique alternée propre à la respiration. Spirare formera : re-spirer et tous ses composés : ins-pirer, ex-pirer, as-pirer, sou-pirer, et même con-spirer. Mais il est aussi à la racine du substantif spiritus : l’esprit qui, par là, rejoint le souffle sans une boucle qui ne manque pas de… Qi ! En chinois, l’expression la plus souvent employée pour écrire la respiration est formée par deux idéogrammes :huxi (pron. « rhou-ssi ») qui signifient mot à mot : expir-inspir ! Il y aurait long à dire sur la cohérence du mode de penser Yin/Yang qui décline cette énumération en commençant par l’expir. Catégorisés chacun par le signe général de la bouche (voir encadré le rectangle à gauche), ces deux idéogrammes sont donc différenciés par leur partie droite. Pour l’expir, hu, c’est une particule servant à exprimer une interrogation, un doute, un étonnement, une douleur. Elle est bien à l’image d’un son plus sortant que rentrant, ce qui explique que ce signe peut aller jusqu’à signifier : « crier ». Pour l’inspir, xi, dont l’idéogramme signifie aussi in-haler, in-gérer, attirer à soi, le signe qui le caractérise évoque bien un mouvement dirigé vers l’intérieur. Il représentait à l’origine une main saisissant quelqu’un par le pied et signifie maintenant : parvenir, atteindre, accrocher.
Mais lorsque la respiration est pensée dans son unité rythmée plus que dans sa dynamique alternée, ce n’est plus un binôme qui l’écrit mais un seul idéogramme : xi, composé par l’association de deux caractères. En bas le signe du cœur (voir encadré ci-dessus), commun à tous les mots en rapport avec la conscience mais aussi choisi ici pour son évocation en arrière-plan du rythme vital, et en haut un mot désignant à l’origine le nez, organe principal de la respiration, mais qui est aussi porteur d’une autre signification, encore plus courante : soi-même (les ...