Descriptif
Cette phrase typique des réunions médiumniques du siècle passé en dit plus long qu'on ne le pense généralement. On appelait alors les gens qui pouvaient communiquer avec les esprits des défunts des spirites. On appelait aussi les entités avec lesquelles ils communiquaient des esprits. Les esprits en question n'étaient pas du tout des anges de Dieu, car il y a une différence notable entre un dieu d'une nature transcendantalement différente, et un souffle évanescent qui naguère était un humain vivant, et avec qui parfois il est encore possible de rentrer en communication. Cette différence, qui pour nous est naturelle, pour les Chinois est difficile. Il y a une raison simple à cela, la notion de “dieu” leur est assez étrangère, ils n'ont même pas de mot pour la désigner. Cela paraît inconcevable, mais c'est ainsi. Les premiers à s'en apercevoir furent les missionnaires Jésuites envoyés en Chine par les souverains européens très chrétiens. Le problème n'était pas mince car si on retire le mot “Dieu”, de la Bible ou de l'Évangile, il ne reste plus grand-chose. Ils s'en tirèrent avec l'élégance qui leur est proverbiale en employant une expression en deux caractères signifiant à la fois : “au-dessus de l'empereur”, et : “l'empereur d'en haut”. Mais alors qu'en est-il des esprits ? Il ne faut pas pratiquer longtemps un quelconque art physique chinois pour s'apercevoir de l'importance vitale qu'y tient le qi, cette énergie subtile que nous avons bien raison de traduire par “souffle”(1). Car dans le souffle est l'esprit des spirites. Les trois mots de cette phrase sortent chacun de la même racine indo-européenne : spirare. Et dans cette origine commune se retrouve une vieille réalité du très vieux chamanisme qui prévalait jadis sur tout le continent eurasien, la religion d'avant les dieux (masculins). Mais les Chinois ne confondent pas les souffles et les esprits, car ils ont su depuis longtemps faire la différence entre ce qui anime toute chose vivante et la manifestation de cette animation par un fluide vital invisible et en même temps perceptible, qu'ils nomment le qi. L'idée abstraite qui se manifeste par le qi, ce souffle spirituel que le monde indo-européen a décrété laïque, ils lui ont donné un autre nom, ils l'appellent shen(2). Dans cet idéogramme, il y a deux parties : celle de gauche est le signe général commun à tout ce qui a trait aux “affaires cultuelles”. On y distingue la ...