Descriptif
Il y a bien longtemps, un jeune brahmane originaire de la côte du Malabar, au nord du Kérala, désirait ardemment étudier les arts martiaux. Il abandonna tous ses biens et quitta sa famille pour se rendre à Calicut auprès d’un roi réputé pour le maniement des armes.Après avoir fixé avec l’astrologue un jour favorable, Maître et disciple commencèrent les leçons. Au bout d’une année, le roi demanda à son élève : “Si tu étais attaqué, combien d’ennemis pourrais-tu repousser ?”. Le jeune homme répondit sans hésitation : “Dix mille hommes je pourrais repousser”. Le roi lui répondit que cela ne suffisait pas et qu’il devait encore étudier.
Un an plus tard, après un entraînement vigoureux, le roi renouvela sa question. Le jeune brahmane répondit qu’il pourrait venir à bout de cinq mille hommes. Le roi lui fit savoir que cela ne suffisait pas et qu’il devait reprendre de manière plus intense ses leçons. Ainsi chaque année, le roi posait la même question, et chaque année le nombre des ennemis diminuait. Après que douze années se furent écoulées, le roi lui demanda à nouveau :
“A présent, combien d’ennemis pourrais-tu repousser ?”. L’étudiant répondit cette fois avec modestie : “Il me semble que maintenant, si j’étais attaqué, je pourrais me défendre”.
Le jeune homme était maintenant devenu un guerrier, mais le maître pensait que son enseignement n’était pas complet et voulut le tester à son insu. Un matin, alors que l’élève prenait un bain d’huile, deux hommes armés de lances se cachèrent de chaque côté de la porte guettant sa sortie. Au moment où il s’apprêtait à franchir le seuil, les hommes surgirent, croisant leurs fers dans sa direction. Ayant senti les pointes contre sa peau, le jeune guerrier fit un brusque saut en arrière pour se protéger. A cet instant, le roi apparut et examina
les lances. Chacune d’elles portait des traces d’huile. Puis ce fut avec une joie non
dissimulée qu’il vit son étudiant sain et sauf, sans l’ombre d’une égratignure : “Maintenant, lui dit-il, tu vois avec ton corps et je n’ai plus rien à t’enseigner”. Le brahmane remercia son maître et s’inclina avec modestie. ...