Descriptif
Jusqu’à l’âge de 20 ans, je n’ai jamais pensé à ce que signifie « être un homme ». J’ai grandi dans une famille juive non-pratiquante de la classe moyenne de Manhattan, et j’ai passé mon enfance dans des écoles libérales et progressistes. Je n’ai jamais fait ma bar mitzvah, le rite de passage à l’âge adulte traditionnel des garçons juifs. Aussi loin que je me souvienne, mon frère aîné de 5 ans me tabassait régulièrement, ce qui a contribué à faire de moi une sorte de « mauviette ». J’étais toujours le dernier retenu pour les compétitions sportives, et cela va sans dire que j’avais peu confiance en moi. A l’âge avancé de 5 ans, ma mère m’a envoyé voir un thérapeute pour me soulager de mes insécurités. Mon père, qui n’avait pas
tendance à l’introspection, m’aimait profondément. Quand j’ai eu 11 ans, mes parents se sont séparés, et peu après mon quinzième anniversaire, mon père est mort, d’une mort lente et douloureuse. Pendant toutes ces années et celles qui ont suivi, j’ai passé beaucoup de temps avec ma mère, alors militante passionnée des valeurs féministes. Mes professeurs, dans les trois lycées que j’ai fréquentés, aux Etats-Unis et en Europe, étaient généralement des personnes décentes, sophistiquées, et bienveillantes. Pourtant, rétrospectivement, et avec toute la sagesse de mes années, je suis frappé de réaliser qu’aucun adulte ne m’a jamais parlé de ce que signifiait « être un homme ». Je comprends maintenant que je n’étais pas seul dans cette étrange situation ; en fait, c’est un phénomène culturel. Je ne me souviens d’aucune
circonstance où le sujet a été abordé, jusqu’à l’âge de 20 ans où j’ai commencé à y penser par moi-même.
Devenir un homme
A 22 ans, 6 ans après une expérience spirituelle profonde, j’ai pris la décision de devenir un être humain éveillé. J’ai commencé par pratiquer d’abord régulièrement un art martial parce que je voulais devenir fort. Je voulais dominer ma peur ; je voulais m’endurcir, je voulais être un homme. A 30 ans, après des années de pratique et de recherche rigoureuse, j’ai trouvé ce que je cherchais dans la Mère Inde. A mon grand étonnement, je me suis retrouvé, du jour au lendemain, dans l’inconfortable position d’être un « maître spirituel ». Dans cette profession, pour le moins inhabituelle, où la gentillesse et la douceur sont généralement vues comme des preuves d’authenticité, j’ai toujours été plutôt l’inverse. J’ai eu la réputation ...